En Guyane, le court déplacement d’Emmanuel Macron face à une population désabusée


Emmanuel Macron, dans la forêt près du village de Camopi, dans le cadre d’une visite de deux jours dans le département français d’outre-mer de Guyane, le 25 mars 2024.

La venue du président de la République ? Les Guyanais n’en ont pas fait une affaire. Ceux qui menaçaient d’exprimer leur colère n’ont pas été suivis, et les indifférents ont donné le ton d’une visite sans ferveur ni message fort.

Emmanuel Macron a passé trente-six heures dans le département français d’outre-mer, lundi 25 et mardi 26 mars, avant de se rendre au Brésil jusqu’au 29. Trop court pour les uns, inutile pour d’autres, le déplacement a été qualifié de « voyage “plein d’essence” » – une escale obligée. Un auditeur de la chaîne Guyane La 1ère l’a illustré avec humour : « Il est venu manger son bouillon d’awara », le plat mijoté traditionnel des créoles guyanais qui rassemble les familles à Pâques.

En octobre 2017, le chef de l’Etat, nouvellement élu, était venu après un mouvement social d’ampleur inédite dans ce territoire amazonien, au printemps. Il avait endossé le « plan d’urgence Guyane », adopté à la toute fin de la mandature de François Hollande. Selon un tout récent rapport de la Cour des comptes, l’Etat a tenu ses engagements financiers (1,25 milliard d’euros dans les infrastructures). Mais Emmanuel Macron, alors, avait aussi lâché une petite phrase que nul n’a oubliée ici : « Je ne suis pas le Père Noël. »

Sept ans plus tard, l’enjeu reste pour lui de convaincre que l’Etat obtient des résultats dans ses outre-mer, et qu’il va soutenir leur développement en y adaptant les normes nationales jugées absurdes par la population. « Les engagements de 2017 ont tous été tenus », a-t-il assuré lors d’une interview à la chaîne Guyane La 1ère, diffusée mardi. L’Elysée soulignait toutefois à la veille du départ : « C’est collectivement, dans une responsabilité partagée, qu’on travaillera, sur le temps long. » Une façon de renvoyer les collectivités à leurs carences.

« Les résultats sont à consolider », a convenu Emmanuel Macron au sujet de l’orpaillage illégal. De manière générale, les attentes, comme les besoins, demeurent immenses en Guyane, où la déception a conduit 60,8 % des électeurs à voter pour Marine Le Pen à l’élection présidentielle en 2022. En novembre 2023, la mission de l’Assemblée nationale sur l’aménagement du territoire guyanais avait d’ailleurs adopté dans un grand consensus un rapport appelant à « une loi de programmation » complète.

Emmanuel Macron accueilli par une salve d’interpellations

Le département affronte d’énormes problèmes non résolus de développement, depuis la grande pauvreté – elle touche 53 % de la population – jusqu’au pillage de ses ressources au mépris de la souveraineté française. L’enclavement menace des communes de l’ouest du territoire comme Maripasoula, 25 000 habitants. Une route est réclamée depuis des décennies. Seul le financement d’un tronçon de 32 kilomètres (pour 29 millions d’euros) entre cette ville et Papaichton a été validé mais le chef de l’Etat a promis de financer les 150 km restants jusqu’à Apatou, plus au nord.

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