la mère de l’ado qui s’est suicidé à Poissy dénonce la réponse du rectorat à sa lettre


Dans un entretien au Journal du dimanche, la mère de Nicolas, l’adolescent victime de harcèlement scolaire qui s’est suicidé à Poissy début septembre, fustige la réponse “grossière” du rectorat de Versailles à ses demandes d’actions face à ce que subissait son fils.

“On était victimes, on est devenus coupables!”. La mère de Nicolas, adolescent de 15 ans qui s’est suicidé le 5 septembre à Poissy, dans les Yvelines, dénonce la réponse du rectorat de Versailles à ses demandes d’actions face au harcèlement que subissait son fils à l’école.

Selon une lettre dévoilée par BFMTV samedi, le rectorat avait qualifié d'”inacceptables” des propos des parents qui auraient “remis en cause” l’attitude du personnel de l’établissement scolaire.

La lettre des parents dont l'enfant s'est suicidé à Poissy, adressé en avril 2023 au proviseur de son établissement.
La lettre des parents dont l’enfant s’est suicidé à Poissy, adressé en avril 2023 au proviseur de son établissement. © DOCUMENT BFMTV

Ils avaient envoyé un courrier au proviseur de l’établissement où était scolarisé Nicolas, dans lequel ils avaient jugé “incompréhensible” son absence de réaction. “Aussi allons-nous déposer plainte et vous considérer comme responsable si une catastrophe devait arriver à notre fils”, avaient-ils affirmé.

La réponse du rectorat de Versailles, datée de mai 2023, aux parents dont l'enfant s'est suicidé à Poissy.
La réponse du rectorat de Versailles, datée de mai 2023, aux parents dont l’enfant s’est suicidé à Poissy. © DOCUMENT BFMTV

Enjoignant aux parents d’adopter une “attitude constructive et respectueuse” à leur égard, le courrier du rectorat leur rappelait par ailleurs les risques pénaux d’une dénonciation calomnieuse.

“Nous étions outrés”

À la lecture de la lettre, la mère de l’adolescent, Béatrice, est entrée dans une “colère noire”, a-t-elle raconté au Journal du dimanche. “Nous étions outrés. Nous passions désormais pour des coupables. C’en était trop. À partir de ce moment, Nicolas n’a plus été le même. C’était tellement grossier et surtout injuste”, a-t-elle fustigé.

La mère a reçu le soutien du gouvernement après la diffusion de cette réponse du rectorat. “Ce courrier est une honte, une honte”, a déclaré le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, samedi. Il a rappelé qu’une enquête administrative avait démarré pour faire la lumière sur les faits de harcèlement scolaire dont avait été victime ce garçon, mais aussi sur la gestion de cette affaire par les services de l’Éducation nationale.

Il réunira “dès lundi l’ensemble des rectrices et des recteurs, pour un audit dans l’ensemble des rectorats sur toutes les situations de harcèlement signalées aux rectorats sur l’année passée”, a-t-il aussi annoncé.

Peu avant cette intervention, la Première ministre Élisabeth Borne avait qualifié de “choquant” le ton de la missive envoyée par le rectorat de Versailles le 4 mai 2023 aux parents du lycéen. “Il y a eu manifestement défaillance sur le type de réponse adressé à des parents qui étaient extrêmement inquiets”, a-t-elle ajouté.

“Il ne supportait pas l’injustice”

Aujourd’hui, Béatrice attend des autorités “qu’elles fassent leur travail d’investigation, qu’elles déterminent les responsabilités de chacun et les sanctionnent à la mesure de leur manquement”.

Auprès du JDD, elle a souligné l’impact qu’avait eu l’insuffisante réponse, selon elle, de l’établissement de son fils face au harcèlement qu’il subissait:

“Nicolas avait besoin de savoir que sa souffrance était entendue et reconnue et qu’une sanction même symbolique avait été prise contre ces deux élèves”.

“Avant ces événements scolaires, il avait un idéal très élevé de la justice et des adultes. Il ne supportait pas l’injustice. Après ces événements, il ne faisait plus confiance ni en l’une ni aux autres”, a-t-elle expliqué.

Deux numéros dédiés au harcèlement
Tout élève victime de harcèlement scolaire peut contacter gratuitement le numéro national d’écoute au 3020. L’élève ou ses proches peuvent également contacter le 3018 en cas de cyberharcèlement. Ce numéro est joignable 7 jours sur 7, de 9h à 23h.



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