Taylor Swift, une super-woman à la conquête du monde


The Eras Tour, son tour du monde des stades et sa première tournée depuis cinq ans, est l’occasion pour la superstar américaine de s’ériger plus que jamais comme une icône phare de la pop culture.

Cent quarante-six dates sont prévues pour la chanteuse lors de sa tournée mondiale The Eras Tour.

Cent quarante-six dates sont prévues pour la chanteuse lors de sa tournée mondiale The Eras Tour. Photo Kevin Winter/TAS23/Getty Images for TAS Rights Management

Par Amandine Meunier

Publié le 14 septembre 2023 à 11h36

Elle déclenche des séismes, avale des insectes sans broncher, affronte des pianos hantés et les éléments déchaînés… Taylor Swift, superstar de la pop américaine, a fait tout l’été la démonstration de ses superpouvoirs à l’occasion de la première partie de sa tournée mondiale, qui passera par la France en mai et juin 2024. Super résistante, l’autrice-compositrice-interprète a filé de stade en stade de Glendale, en Arizona, à Mexico, donnant cinquante-sept concerts en cinq mois à travers toute l’Amérique du Nord. Et lors de la soirée des MTV Awards, elle a encore remporté un nombre record de récompenses : meilleure chanson, meilleure musique pop, meilleure réalisation et meilleur clip vidéo pour Anti-Hero.

Toute-puissante qu’elle soit, l’ex petite fiancée de la country avait dû annuler sa précédente tournée du fait de la pandémie. Depuis son dernier tour des stades en 2018, elle a sorti quatre albums, Lover, Folklore, Evermore, et Midnights, qui a explosé tous les records l’an dernier, faisant d’elle la première artiste à placer en une fois dix chansons aux dix premières places du classement Billboard. Autant dire que The Eras Tour était attendu. Avec ses cent quarante-six dates du Japon à la Pologne en passant par l’Australie et l’Argentine, il ravit ses fans (les « Swifties ») et laisse la concurrence loin derrière.

Les autres superstars en tournée en ce moment, Bruce Springsteen et Beyoncé, avec respectivement quatre-vingt-dix et cinquante-six concerts seulement, peuvent raccrocher cape et justaucorps. Alors oui, Beyoncé aligne sur scène un plus grand nombre de danseurs, dont sa fille Blue Ivy et un cheval. Mais Taylor Swift, avec ses shows XXL, trois heures trente en moyenne et quarante-quatre chansons, une dizaine d’artistes en première partie et un plongeon spectaculaire, a plus d’un tour dans son body à paillettes et alimente un feuilleton dont la presse américaine se délecte.

“Swifties”, les plus fans des fans

Elle ajoute chaque soir deux chansons différentes à son concert, multiplie les annonces et pimente le tout avec des invités pour des duos inattendus (Ice Spice, Marcus Mumford, Phoebe Bridgers…) ou pour un clin d’œil et une cabriole, comme avec son ex-petit ami, l’acteur Taylor Lautner. Dans les tribunes, les stars, de Julia Roberts à Diplo en passant par Billy Joel et Emma Roberts, se trémoussent et prouvent, bracelets et maquillage à l’appui, qu’ils sont plus Swifties que les Swifties.

Même pas besoin d’être dans le stade pour profiter du show d’ailleurs. À Seattle, l’interprète de Love Story et ses spectateurs ont fait tressauter des sismographes à proximité en déclenchant des vibrations équivalentes à un séisme de magnitude 2,3, un « Swift quake ». Dans certaines villes, les parkings des lieux de concert ont été pris d’assaut par des Swifties en mal de billets pour des « parking lot parties », littéralement des « fêtes de parking ». Difficile de se débarrasser d’un fan de Shake It Off.

Taylor Swift à Seattle, le 22 juillet.

Taylor Swift à Seattle, le 22 juillet. Photo Mat Hayward/TAS23/Getty Images for TAS Rights Management

Ils avaient prouvé leur dévotion et toute la puissance de leur idole dès l’annonce de la tournée. En novembre 2022, la mise en vente des billets aux États-Unis (qui a atteint des records, avec 2 millions de places vendues en une seule journée), a viré au chaos conduisant le Sénat américain à sommer Ticketmaster, le leader du marché de la vente de places de spectacles en ligne, de s’expliquer. De ce côté-ci de l’Atlantique, même acteurs, mêmes conséquences désastreuses, mais nos politiques ne se sont pas emparés du sujet (n’y aurait-il pas de Swifties parmi eux ?).

Plus forte qu’Elton John

The Eras Tour fait pourtant baver les économistes. Ils ont ainsi estimé que le spectateur moyen dépense pour la voir 1 300 dollars (billet, transport, logement et produits dérivés, du bracelet d’amitié épelant les titres de ses chansons à la boîte de donuts portant la signature de la star), ce qui revigore temporairement l’économie des villes accueillant ses concerts. Au total, sa tournée pourrait générer 5 milliards de dollars de revenus, dont 1,4 milliard de dollars uniquement pour la vente des billets, soit plus que le record (936 millions de dollars) établi par Elton John pour ses adieux. Et Super Taylor aime les records. Profitant de sa tournée, elle a franchi, cet été, le cap des 100 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify, une première pour une artiste féminine. Le 2 juillet, elle est aussi la première femme à classer quatre de ses albums simultanément dans le Top 10 US (Speak Now, Midnights, Lover et Folklore). Le trompettiste Herb Alpert était le dernier à avoir réussi cet exploit de son vivant en 1966.

Où s’arrêtent donc les pouvoirs de Taylor Swift ? Pas aux limites de l’industrie musicale visiblement. Elle a ainsi multiplié les avions en Nouvelle-Zélande. La compagnie locale a annoncé l’ajout de près de trois mille places à ses rotations habituelles avec l’Australie pour transporter les fans et est allée jusqu’à rebaptiser les vols NZ1989, en hommage à son cinquième album, 1989 (2014). Elle a même fait trembler Hollywood. À l’annonce de la sortie en salles aux États-Unis du film de sa tournée, quatre longs métrages ont préféré décaler la leur, dont un préquel de L’Exorciste. N’en jetez plus. Reste à savoir quelle démonstration de force elle fera lors de ses passages dans l’Hexagone.



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