
Quand on a pris l’habitude de brûler les étapes, une soirée d’attente peut paraître longue. Jeudi 14 septembre, dans une partie entre la France et l’Uruguay qui semblait promise à un jeu débridé mais qui s’est finalement révélée fermée et hachée, Louis Bielle-Biarrey a attendu. Longtemps. « C’est sûr que j’aurais aimé avoir un peu plus de ballons », a reconnu le jeune ailier français après le match. Il ne lui en aura fallu qu’un, à huit minutes de la fin de la partie, pour inscrire son premier essai en Coupe du monde, et écarter définitivement des Uruguayens accrocheurs (27-12).
Lorsqu’une équipe de rugby déploie son jeu de passes, les ailiers sont à la fête. A l’inverse, comme ce fut le cas jeudi, quand la machine se grippe, rares sont les ballons à parvenir sur les bords du terrain. Dans « un match un peu compliqué pour tout le monde », dont on ne retiendra que la victoire finale, Louis Bielle-Barrey a été contraint de ralentir. Tout sauf une habitude.
« Ça fait deux ou trois ans que ça va très vite pour moi. Je m’y fais », racontait le benjamin des Bleus, début août. A 20 ans et 87 jours, l’ailier de Bordeaux-Bègles est devenu, jeudi, le plus jeune international tricolore à disputer une rencontre de Coupe du monde, effaçant Romain Ntamack des tablettes (20 ans et 143 jours, lors du Mondial au Japon). Une statistique que le minot avait évacuée d’un sourire, mardi, à son arrivée à Lille : « Je l’ai vu sur les réseaux sociaux, mais ça ne m’évoque pas grand-chose. Ça ne nous aidera pas à être champions du monde. »
Ses performances, en revanche, pourraient y contribuer. Déjà marqueur pour son premier match avec les Bleus, en Ecosse début août, le joueur formé au RC Seyssins (Isère), au pied du Vercors, a soigné son entrée en Coupe du monde, devenant ainsi le plus jeune Français à inscrire un essai au Mondial. « C’est beaucoup de fierté, mais bon, sur cette action, je ne fais pas grand-chose », relativise-t-il. Servi sur un pas par Antoine Hastoy à la suite d’une jolie fixation des avants français, Louis Bielle-Biarrey n’a eu « qu’à » aller aplatir en coin, sans avoir besoin de mettre les gaz.
« On ne peut jamais fermer la porte à l’éclosion »
Ses jambes de feu, alliées à ses crochets déroutant, sont pourtant sa marque de fabrique. « Quand on voit Louis faire une pointe à 35 kilomètres-heure, ça marque les esprits. Il a énormément d’appétit », saluait le coentraîneur de la conquête tricolore, William Servat, fin juillet. Dans le groupe bleu, seul Sekou Macalou rivalise de vitesse avec « Petit Louis » – le troisième-ligne parisien l’a prouvé jeudi, en inscrivant un essai (finalement refusé) de plus de soixante mètres après avoir été plus rapide que la défense uruguayenne.
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