
Vincent Van Quickenborne, ancien président de l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai, a passé une super soirée pour ses cinquante ans. Le ministre de la Justice belge avait invité ses proches chez lui à Courtai, mi-août 2023. Mais certains de ses convives ont uriné sur la voiture de police garée à proximité.
Un scandale en Belgique. Explications.
Protection policière pour le ministre
De par son statut, Vincent Van Quickenborne (Open VLD) est souvent la cible d’hommes et de femmes peu recommandables, comme l’écrit Courrier International. C’est donc sous protection policière qu’il a passé son anniversaire. Un van de police stationnait devant son domicile. Le véhicule était certes vide, mais bien là.
Dans la soirée, plusieurs des convives du ministre sortent, à plusieurs reprises, pour uriner sur ledit véhicule.
Problème pour tout ce beau monde : les scènes sont filmées par une caméra de surveillance placée là, justement, pour s’assurer de la sécurité du ministre. Forcément, les forces de l’ordre ont vu les images. Et elles n’ont pas apprécié.
Pour se défendre, le ministre assure ne pas avoir été témoin de ces moments, et s’est même rangé du côté de la police, assurant que « si des constatations ont été faites, il faut y donner suite ».
Problème, et non des moindres : la caméra a également filmé le ministre, plus tard dans la soirée. Hilare, on le voit prendre quelque chose en photo, mimer ce qui semble être une miction, comme on peut le voir sur les images du média VRT, relayées (après coup, ce mercredi 6 septembre 2023) par le média Quotidien, sur X (ex-Twitter).
Un mouvement qui pourrait indiquer que le ministre savait ce qu’il s’était passé. Ce que Vincent Van Quickenborne nie catégoriquement depuis le début de l’affaire.
Le Soir, La Libre, RBTF… La sphère médiatique du plat pays s’emballe, et en fait une véritable affaire : le pipigate (contraction des mots « pipi », et « gate », suffixe utilisé fréquemment lorsque des scandales éclatent).
Et que le ministre « mente », selon leurs mots, les policiers n’ont vraiment pas apprécié. Ils considèrent qu’il s’agit « d’un acte scandaleux, indigne de notre État de droit démocratique ».
Dans un communiqué, ironiquement nommé « le scandale du Watergate » (voir encadré), le SNPS, syndicat de police belge appelle à demi-mot à la démission du ministre.
Si les faits sont avérés et si le ministre de la Justice a bien été témoin oculaire sans intervenir, nous pensons que sa position est très fragile. Nous laissons aux hommes politiques le soin de juger si la police, en tant qu’institution, a été déshonorée et si des mesures doivent être prises.
Tout bien considéré, nous pensons que les policiers de tous grades ont déjà tiré leurs conclusions.
Indigne d’un ministre de la Justice.
Au passage, comme c’est courant en politique, les oppositions s’en sont données à cœur joie, et appellent, elles aussi, à la démission du ministre de la Justice.
Dans le média La Libre, Vanessa Matz, députée fédérale Les engagés, assure « ne pas vouloir faire la course à l’échalote », en précisant que « d’autres ministres ont démissionné parce qu’ils avaient menti ».
Le ministre se défend avec ses propres images
Pour tenter de se sortir de ce pétrin, Vincent Van Quickenborne a convié des journalistes pour leur montrer ses propres images.
Dans une séquence lunaire, il débriefe maladroitement sa vidéo, assurant que son mouvement n’est pas ce qu’il semble être.
Il serait sorti pour la première fois quelques heures après les faits, et n’aurait pu avoir connaissance de ce qu’il s’était passé. On l’accusait d’avoir pris le pipi en photo, hilare : il montre un selfie, assurant que c’est lui-même qu’il prenait en photo.
Entre-temps, les trois hommes « accusés » d’avoir uriné sur le fourgon de police se sont rendus, sur demande du ministre de la Justice belge. Sur X, en flamand, l’avocat de deux d’entre-eux fustige « un moustique transformé en éléphant », et assure que « c’est un tour de mauvais garçon pour lequel ils devraient en fait être trop vieux et trop sages ».
« Une bêtise dont ils avaient profondément honte. »
En attendant, après s’être défendu face aux médias, Vincent Van Quickenborne va devoir faire de même, mais face à l’exécutif. Sur demande de la présidente de la commission, il est convoqué ce jeudi 7 septembre 2023 pour s’expliquer sur ce scandale politique qui éclabousse la politique belge.
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