Au pays du Manneken-Pis, une polémique sur les mictions des amis de Vincent Van Quickenborne fragilise le ministre de la Justice.

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Le « pipigate » ou comment une soirée arrosée finit en cauchemar politique pour le ministre belge de la Justice, Vincent Van Quickenborne. L’histoire est assez triviale au départ : le 14 août, le ministre reçoit des amis à son domicile pour célébrer son anniversaire. C’est l’été. On fait la fête. On boit des bières. Et quelques invités ont la mauvaise idée d’aller soulager leur vessie contre l’estafette de la police garée en face de la maison du ministre. L’un des invités prend des photos pour immortaliser cette provocation adolescente.
Le fourgon de police est vide. Sa présence s’explique par la protection dont bénéficie Vincent Van Quickenborne. En effet, il y a un an, vers la fin septembre 2022, il avait échappé à une tentative d’enlèvement rocambolesque par quatre hommes, heureusement interpellés avant de passer à l’acte. On soupçonne des trafiquants de drogue.
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Vidéosurveillance
Las ! Des caméras de surveillance de la police captent la scène. Les invités s’amusent à monter dans la fourgonnette à trois reprises. Et la police avance que, vers 4 heures du matin, le ministre lui-même, en compagnie d’un invité, aurait mimé l’action d’uriner en s’amusant des images vues sur un téléphone portable. En somme, au pays du Manneken-Pis, on accuse Vincent Van Quickenborne d’avoir ri des bêtises de ses invités, montrant ainsi peu de respect pour l’institution policière chargée de protéger sa vie…
Le scandale est révélé le 23 août par la VRT, la radiotélévision flamande, qui précise les heures où les mictions ont eu lieu : 20 h 39, puis 22 h 5 et enfin une troisième fois à 0 h 2… Tout cela prend des proportions énormes dans ce petit pays déjà très fracturé. Le ministre belge plaide non coupable et se dit lui-même choqué par le comportement de ses invités. « Je veux être très clair sur les faits eux-mêmes : je n’en savais rien jusqu’à ce que cela soit publié dans la presse, déclare-t-il à la VRT. Je n’ai quitté ma maison que lorsque j’ai vu le dernier invité sortir, vers 3 h 30 du matin, jusqu’à l’arrivée de son taxi. »
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Appel à la démission
Il produit, à l’appui de sa défense, les images des caméras de surveillance de sa propre maison, et plaide auprès de la RTBF qu’on interprète mal son attitude consistant à se pencher en arrière. Selon lui, il n’imite en rien les mictions de ses invités en s’en régalant, il joue de l’air guitar. Vincent Van Quickenborne avance que cette polémique est montée de toutes pièces par deux syndicats de police, fâchés qu’il ait décidé de mettre progressivement fin à leur régime spécial de retraite à 58 ans.
Évidemment, le « pipigate » prend aussi une tournure politique. L’opposition du Vlaams Belang (nationaliste flamand) réclame la démission du ministre, un libéral flamand, membre de l’Open VLD. La justice est saisie et le parquet déclenche une enquête pour identifier les personnes qui ont uriné sur le fourgon de police. Vincent Van Quickenborne doit aussi s’expliquer devant le comité de justice de la Chambre…