La mort de José Sébéloué, la douce voix de La Compagnie créole


José Sébéloué lors d’un concert à bord du « MSC Splendida », au Maroc, en février 2014.

Rares sont encore les fêtes de mariage et d’anniversaire où ne résonne pas la voix de José Sébéloué : avec Clémence Bringtown, il était le chanteur principal mais aussi le guitariste de La Compagnie créole, groupe interprète d’une multitude de tubes (Vive le Douanier Rousseau, C’est bon pour le moral, Le Bal masqué, Ça fait rire les oiseaux…), indéniable part de notre mémoire collective depuis les années 1980. Le chanteur, guitariste, percussionniste et compositeur d’origine guyanaise est mort, dimanche 3 septembre, à Paris, à l’âge de 74 ans, ont annoncé les membres du groupe et leur tourneur canadien, les Productions Martin Leclerc.

Né le 17 septembre 1948 à Ouanary (Guyane), José Sébéloué avait commencé sa carrière de musicien au sein d’un groupe local, Pop-corn, avant de fonder La Compagnie créole en 1975, avec Clémence Bringtown, Julien Tarquin, Guy Bevert et Arthur Apatout, musiciens originaires de Martinique et de Guadeloupe rencontrés à Paris. La formation adapte alors à sa façon des airs traditionnels du répertoire antillais, jusqu’à ce qu’elle croise, au début des années 1980, la route du Parisien Daniel Vangarde et du Bruxellois Jean Kluger.

A l’époque, ce duo de producteurs s’est fait remarquer dans une veine disco latino en signant des hits avec des musiciens martiniquais (Gibson Brothers) et guadeloupéens (le duo Ottawan). Passionné de musiques tropicales, Daniel Vangarde (père d’un des cofondateurs de Daft Punk, Thomas Bangalter) produit d’abord, pour La Compagnie, un album de biguines traditionnelles, Blogodo (1982), chantées en créole.

« Musique de bal »

Le succès viendra un an plus tard, quand, entre deux sessions avec la vedette disco Amii Stewart, les producteurs franco-belges font enregistrer au groupe une version de C’est bon pour le moral, un titre écrit par Daniel Vangarde qui n’avait jusque-là pas trouvé preneur. Avant de triompher – en particulier grâce à l’appui des émissions de Guy Lux et de Patrick Sébastien –, la couleur disco zouk donnée par les musiciens a d’abord du mal à séduire les radios. « Roger Kreicher, le directeur des programmes de RTL, m’avait dit, méprisant : “C’est de la musique de bal” », racontait au M Le magazine du Monde, en 2022, Daniel Vangarde, en expliquant avoir répondu : « Vous ne pouvez pas me faire plus plaisir. »

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« Le titre avait eu un peu de mal à décoller, confie aujourd’hui Jean Kluger, et le groupe avait commencé à travailler sur un nouveau single, Vive le Douanier Rousseau, en étant sélectionné pour représenter la France au concours de l’Eurovision de 1983. » La Compagnie créole arrivera deuxième du concours, ce qui permettra au groupe de continuer de travailler C’est bon pour le moral, qui finira par s’imposer sur les ondes. Avant que cartonne à son tour le Douanier Rousseau, puis Le Bal masqué, Ça fait rire les oiseaux ou Bons baisers de Fort-de-France, bien aidé par la passion que l’entrepreneur Francis Bouygues (1922-1993) avait pour le groupe (qui passera trente-six fois dans l’émission « Sacrée soirée », sur TF1).

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