En prenant la parole pour la première fois, les parents du petit garçon disparu le 8 juillet réfutent les affirmations relayées par la presse et les réseaux sociaux.
Par Martin Pereira pour Le Point
Publié le
Lecture audio réservée aux abonnés
Les parents du petit Émile, porté disparu depuis le 8 juillet dernier, sortent du silence pour la première fois. Marie et Colomban ont choisi le magazine Famille chrétienne pour s’exprimer, et contredire certaines affirmations lancées, notamment sur les réseaux sociaux, les dépeignant comme des illuminés qui ne se rangent que dans la prière pour retrouver leur fils. « Nous avons aussi l’impression que, au-delà de nous, c’est notre foi qui est ridiculisée », dénoncent-ils.
« Certains prétendent que nous allons à la messe plusieurs fois par jour, d’autres que nous sommes allés tranquillement à l’église prier pendant les battues, cela dans le but de nous faire passer pour des illuminés qui comptent uniquement sur la prière en négligeant l’action. Or, nous nous sommes donnés à fond sur les deux fronts en fonction de nos forces. » Et de citer le théologien Ignace de Loyola : « Prier comme si agir était inutile et agir comme si la prière était inutile. »
À LIRE AUSSIDisparition d’Émile : l’espoir de retrouver l’enfant vivant s’amenuiseLes deux parents confient : « Cela ne nous fait pas peur de demander à Dieu un miracle […]. Parfois, nous sommes submergés par le chagrin et l’angoisse. On désespère un moment, et ensuite on est comme soulevés par l’espérance à cause d’une lettre ou d’un signe qui nous touche. » Et d’insister : « Oui, nous continuons à implorer le Seigneur. Nous ne tournons pas la page et nous continuons à espérer… »
Des soupçons d’intégrisme
Leur foi a été ébranlée les premiers jours de la disparition. Puis : « Une fois à l’église, nous étions pris par la liturgie. […] On dit souvent que Jésus nous aide à porter la croix, mais nous, nous l’avons vraiment senti ! Nous avons fait l’expérience de la grâce. »
Les parents, et en particulier le père, ont été accusés plusieurs fois de faire partie d’une secte et d’être des catholiques intégristes. À cela, la mère répond : « Nous n’avons pas honte d’aimer la messe traditionnelle à laquelle nous assistons dans notre diocèse. Nous y animons d’ailleurs en famille la chorale polyphonique et grégorienne. Nous militons avec Colomban au centre Charlier, à l’origine du pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté [un pèlerinage « de la résistance chrétienne et nationale », selon ses organisateurs, NDLR]. »
À LIRE AUSSIDisparition d’Émile : « Il faudra compter sur la chance » Le centre Charlier a été créé par l’association d’extrême droite Chrétienté-Solidarité. Cette dernière a été fondée par Bernard Antony, figure du catholicisme traditionaliste et ancien député européen du Rassemblement national.
Marie et Colomban militent également à l’Agrif (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne), aussi présidée par Bernard Antony, et là encore marquée à l’extrême droite. « Nous en sommes fiers. Nous n’avons absolument rien à cacher », soulignent-ils.